Un peu d'histoire ...
Photo de la gare de Gallardon-Pont en 1902, km 67+7. On voit que le quai devant la gare a
depuis été élargi et que les voies ont été déplacées. Le train que l'on voit ici à quai effectue
la liaison régulière Auneau-Dreux via Maintenon et Nogent-le-Roi.
La ligne Chartres-Gallardon est référencée 553 000, section n° 48141 catégorie E de 17,763 km du Document de Référence du SNCF Réseau.
A ce jour cette voie ferrée n'est plus ouverte à la circulation ferroviaire.
Avez-vous noté l'importance de la gare de Chartres autrefois, et de ce qu'on peut appeler l'étoile ferroviaire de Chartres?
Il y avait 7 directions depuis Chartres au total, soit, en commençant par le nord et en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre :
- Versailles puis Paris par Rambouillet,
- Gallardon puis Massy,
- Béville-le-Comte puis Auneau,
- Voves puis Patay ou puis Toury,
- Brou puis Droué, Château-du-Loir et Saumur,
- Nogent-le-Rotrou puis le Mans,
- St Sauveur puis Dreux.
Les trains Paris-Bordeaux passaient par Chartres depuis la gare du Maine à Paris (à l'emplacement de la tour Montparnasse), puis empruntaient la ligne de Brou, Droué, Mondoubleau, Béssé, La Chartre-sur-le-Loir... C'était donc cet itinéraire qui était à l'époque la ligne principale pour relier, en trains de nuit et en express de jour, Paris à Bordeaux.
De Paris à Chartres, les convois étaient obligés d'emprunter un réseau "concurrent" (compagnie de l'Ouest), ce qui n'était pas souhaitable pour un problème de fierté.
Il fallait donc construire une autre ligne afin que la totalité du trajet soit effectuée sur un seul et même réseau de Paris à Bordeaux. De là est née l'idée de notre ligne Paris-Chartres par Gallardon.
Cette ligne fut mise en service par l'Etat et le P.O en plusieurs étapes:
- section Courtalain-Saint-Pellerin - Bessé/Braye (43.079 km): le 23 mai 1885 par l'Etat.
- section Bessé/Braye - Château-du-Loir (33.017 km): le 31 mars 1879 par le P.O.
Ces deux sections ont cessé le service voyageurs le 5 juillet 1971.
Voici l'horaire d'un train de nuit Paris-Bordeaux:
Train express n° 781 (année 1931): Paris-Maine 21.50 - Versailles-Chantiers 22.12/22.16 - Chartres 23.10/23.15 -Courtalain-Saint-Pellerin 0.10 - Château-du-Loir 1.22/1.25 - Saumur-Orléans 2.36/2.40 - Thouars 3.18/3.31 - Parthenay 4.23/4.25 - Niort 5.12/5.40 - Saint-Jean-d'Angély 6.27/6.29 - Saintes 6.55/7.40 - Pons 8.00/8.03 - Jonzac 8.22/8.25 - Saint-Mariens 9.03/9.06 - Saint-André-de-Cubzac 9.26/9.28 - Bordeaux-Benauge 9.49 - Bordeaux-Saint-Jean 9.57.
En descendant au sud de Chartres, cette voie est encore empruntée quotidiennement par les TER région Centre jusqu'au terminus actuel de Courtalain-Saint-Pellerin. Ici c'est une base importante de travaux des trains de Maintenance de la LGV car une virgule permet l'accès facilement, juste avant la bifurcation bretagne/sud-ouest, ce qui permet d'accéder sur ces deux directions.
Au delà vers Droué, la voie est encombrée par les végétaux, elle n'est plus circulable aujourd'hui.
Continuant vers le sud, entre Montdoubleau (41) et Béssé-sur-Braye (72) la voie ferrée a été entièrement déposée en 1999 sur 22,3 kilomètres.
Jusqu'en 2009 il y avait encore un train quotidien dans chaque sens par le sud qui remontait jusqu'à Béssé-sur-Braye pour amener des wagons de pâte-à-papier à l'usine-papeterie Arjo-Wiggins (anciennement Arjomari) qui fabrique du papier couché (papier sur lequel on rajoute plusieurs couches avec en particulier du kaolin, pour ajouter de l'épaisseur, pour faire les cartes à jouer ou les couvertures de magazines). Concurrence routière oblige, les livraisons se font maintenant exclusivement par camions, malheureusement pour l'atmosphère et pour les riverains.
Sur la partie qui nous concerne, la gare de Pont, construite en 1892 sur la ligne Auneau-Maintenon puis Dreux, existait bien avait que la ligne Paris-Chartres ne soit mise en chantier. En 1930, deux pièces furent ajoutées sur les côtés du Batiment Voyageurs (BV) pour recevoir en partie le poste de la commande centralisée de la ligne (le Dispatching dont on trouve un article dans la revue mensuelle L'Etat notre réseau (mensuelle de 1930 à création SNCF). Une seconde gare fut lancée: On n'en voit que les fondations à 50 m. de la première juste derrière le central téléphonique.(vue de la Place de la Gare) Elle n'a jamais été plus avancée.
La ligne de Paris à Chartres par Gallardon a été construite par la Compagnie des Chemins de Fer de l'Etat au tout début du XXe siècle. Sur le pont béton de Pont-sous-Gallardon, on peut voir un macaron stylisé où il est écrit "1907" au dessus de la voie. Le tronçon de Chartres à Gallardon fut achevé en 1913. De Gallardon à St-Arnoult-en-Yvelines par Ablis fut achevé en 1917. Il y avait alors deux voies d'un bout à l'autre, la seconde a été démontée à la fin de la 1e guerre mondiale, à peine posée, en raison d'un manque crucial d'acier en France.
Après Gallardon en remontant sur Paris, la ligne traversait les communes de Bleury, St Symphorien-le-château, Prunay-en-Yvelines, Ablis, St-Arnoult-en-Yvelines, Rochefort-en-Yvelines, Bonnelles, Limours, Gometz-le-Châtel, Bures-sur-Yvette, Orsay, Villebon-sur-Yvette, puis Massy. Dans ces villes, on voit un peu partout des anciens ponts, viaducs, anciennes gares ou anciens talus qui rappelent l'existence de cette voie ferrée. Pour l'anecdote, le village de Bailleau (sous Gallardon) avait alors deux gares. Elles existent encore: La première départ des vélorails au hameau de Pont-sous-Gallardon, et la seconde dans le village de Bailleau (maintenant Bailleau-Armenonville), dans la rue dénommée "de l'ancienne gare" à gauche en la descendant.
La ligne fut ouverte au trafic voyageurs de 1930 à septembre 1939.
Le 14 juin 1944, il y eut un bombardement du pont de Bailleau-sous-Gallardon par trois vagues de 12 bombardiers procédant par bombardement massif puis attaque en semi-piqué par 8 chasseurs. 200 bombes larguées, 2 tués, 9 blessés, 12 maisons détruites, 3 inhabitables et 7 endommagés. (le toit de la gare a été decouvert, un morceau de auvent coté voie de la halle marchandise abime et coupé)
Pendant la 2e guerre mondiale, les trains militaires allemands ne pouvaient pas monter vers Paris par Epernon car le viaduc de Maintenon avait été bombardé: Ils passaient donc par Gallardon. C'est ainsi que le viaduc de Oisème a été lui aussi bombardé. Il a été reconstruit en 1946 mais seulement pour une seule voie, ce qui lui donne une physionomie assez curieuse.(ré-ouverture au 1 r mai 1946)
Voici ici une photo du viaduc de Maintenon durant sa reconstruction, et dans les mêmes dates, la gare de Maintenon (1945, servit de modèle pour une gare fabriquée par les trains miniatures JOUEF ):
Un trafic marchandises eut lieu longtemps vers la société américaine BRILL, située à Pont, non loin de la gare voyageurs qui construisait des boggies de tramways. Elle eut même un Embranchement Particulier qu'on distingue encore aujourd'hui (un EP part de la voie a gauche et la partie dans l'usine a été retiré vers 2014 ). Elle est devenue depuis Electroforge. La manufacture de tuiles et de briques Bouchet-Fortin utilisa aussi le train.(situé sur un terrain avec devant la rampe d'accès au pont sur la voie ferréé
Le trafic marchandises (Fret) a continué de Chartres à Gallardon jusqu'en 2000, avec des wagons de sable (entreprise SABLEM) et de céréales, dernier train en 1995 (coopérative agricole SCAEL). Les derniers trains étaient de petits trains de quelques wagons, non journaliers.
Dans la banlieue parisienne, une bonne partie de l'emprise qui n'a jamais été ferrée, à Fontenay-aux-Roses, Sceaux, Châtenay-Malabry et Massy, a été reprise pour la construction du TGV Atllantique.
Voir le très bon article de Wikipédia .
Voir aussi les différentes pages d'Alain Mionnet .
Les traverses, en bois, sont globalement en bon état. En octobre 1995 il y a eu une campagne importante de changements de traverses entre Chartres et Pont, derniers travaux importants sur cette ligne. Les rails, de type DC (double champignon) dissymétrique, type Ouest renforcé, 41,0 kilos au mètre et le matériel de voie est de bonne qualité: 1450 traverses par kilomètre. Le rail Double Champignon, d'origine anglaise, était susceptible en principe d'être retourné sur place verticalement après usure. Cela n'a jamais été réalisé à grande échelle, le rail n'étant pas symétrique sur son profil. Il est maintenu sur la traverse par l'intermédiaire d'une pièce appelée "sabot", pièce de liaison souvent en fonte, et est bloqué sur une cale métallique élastique en forme d'ovale. C'est le sabot qui repose sur les traverses, la force d'appui est ainsi moindre du fait de la surface de contact plus grande.
Ce type de rail était beaucoup utilisé sur les régions de l'Ouest et du Sud-Ouest. Il avait été longtemps remis en question, ne supportant pas les vitesses importantes.
Pour info, l'autre système est le rail Vignole, dont la partie inférieure, plate, appuie directement sur les traverses ou sur une plaque métallique). Sur les lignes nouvellement posées c'est une sorte de ressort qui plaque le rail sur la traverse, qui est maintenant en majorité faite en béton. Notons que les rails ne sont jamais posés exactement verticaux mais toujours légèrement inclinés l'un vers l'autre pour équilibrer les frottements des roues. Ainsi, le train est un peu comme en équilibre, cela limite les frottements notamment en courbe.
Sur les traverses, vous remarquerez de nombreuses têtes de clous, où figurent des chiffres ou des initiales: Il s'agit du millésime de la traverse, et parfois des initiales des poseurs de l'époque. Certaines têtes de cloussont rondes, carrées, voire même parfois triangulaires pour pouvoir distinguer les ouvriers. Sur la photo ci-dessous, on voit que cette traverse a été posée en 1961 et que les initiales du poseur étaient "AG".
La voie ferrée est envahie par endroits par l'herbe et les ronces, des arbres (platanes et accacias en particulier sur les voies de triage de la gare de Pont) s'y installent. Quelques exploitations de coupe de bois sont pratiquées de temps à autre le long de la voie.
La gare de Coltainville, construite en bois, a été supprimée en 1997. La halte de Champseru-Senainville demeure avec ses quais répartis de part et d'autre de la voie, sur l'itinéraire de notre vélorail. Il ne reste que fondation car la maisonnette sur la gauche est une maison de cheminot chargé d'entretenier la voie. La SNCF a vendu en 1999 tout l'immobilier aux particuliers qui étaient interessés. Ces occupants se rappellent encore les passages de trains quotidiens.
La gare de Gallardon-Pont, proche de Gallardon mais sur le hameau de Pont-sous-Gallardon, commune de Bailleau-Armenonville (auparavant Bailleau-sous-Gallardon), était autrefois au carrefour avec la deuxième ligne de chemin de fer qui venait d'Auneau et qui allait vers Maintenon, Nogent-le-Roi, Dreux puis Rouen (voir par ailleurs sur ce site), et qui a fonctionné longtemps.
Cette gare, qui appartient à un membre de l'association, avec ses quais qui subsistent en face des silos agricoles, est le départ des vélorails. Elle qui a été un moment le centre de l'étoile à 4 branches de Gallardon, avec une direction vers St Arnoult-en-Yvelines et Massy, une direction vers Auneau-ville, une direction vers Chartres et une direction vers Maintenon. Elle retrouve un peu de passage et de mouvement avec les vélorails. En plus de la voie existante aujourd'hui, il y avait 5 quais et donc 5 voies à cet endroit.
Si vous avez un moment, cliquez ici (lien rompu, écrite par Pierre-Damien Jourdain) pour aller voir une autre grande page consacrée plus en détails à l'invraisemblable histoire de la construction et de l'exploitation de cette ligne "Paris-Chartres par Gallardon", qui était à sa construction l'une des plus modernes de France: Pourquoi la ligne a-t-elle été si longue à être construite? Pourquoi l'a-t-on appelée "la ligne maudite"? Nous allons essayer de répondre à ces questions, et à bien d'autres que vous pouvez vous poser.
Voir aussi ici les développements du projet de tram-train sur la ligne des Vélorails.
Ci-dessous la gare d'Illiers (28) au fond, et l'hôtel-restaurant de la gare. Aujourd'hui, il est toujours ouvert.
Fin 2009, voici la carte du Réseau Ferré National (extrait de la carte de RFF):
Commentaires (16)
- 1. | 27/05/2012
- 2. | 10/08/2011
- 3. | 28/02/2011
On rencontre des têtes de clous de différentes formes, carrée, ronde ou triangulaire avec les mêmes lettres, souvent 2 RM sur tête carrée et ronde mais quelque fois 3 CFG sur tête ronde.
Le millésime 3 est donc 1903?
Sur 200 mètres environ on trouve le chiffre 3 à 79.
Comment ne pas confondre 68 et 89.
Merci
J.B.[b][/b]
- 4. | 26/08/2010
Ces quelques mots m'ont toujours fait rêver, car habitant prês de Massy nous pouvons voir tout autour de nous ces imposants ouvrages d'art et les petites habitations des PN.
Reférrer la ligne? Une idée folle?
Promoteur de tous poils salivaient à tout va !...
- 5. | 04/02/2010
Ancien "Eurélien" (natif de Dreux, que j'ai quitté dès fin 76)je viens de découvrir ce "site de qualité" et cette activité qui, désormais, assure un maintien de "ce qui qui reste" de cette ligne dite de "Gallardon".
La vue de plusieurs locotracteurs Diesel seraient elles des acquisitions en vue de trains touristiques complémentaires ?
Chez nous, en, Bretagne, le "vélo rail" de Médréac, utilise une "draisine Diesel" d'une quinzaine de places (et bientôt une remorque) pour ceux qui préfèrent "se faire transporter", suivant les cyclistes du rail !
Lorsque j'étais enfant (vers 1956)j'avais remarqué lors d'une promenade en voiture, avec mon grand père, la présence d'un abri de quais central, assez vaste et entourée d'une genre de verrière !
Bien plus tard, vers 1975, je m'étais arrêté à la gare de Gallardont-Pont,qui était gérée et le chef de gare m'avait fait voir la pièce, désaffectée, où se tenait le "circulateur de la commande centralisée" de la ligne.
La "verrière" avait disparu.
Bien que guère éloigné de Dreux, je n'ai pas eu, à cette époque, le temps de revoir cette ligne...dommage !
Je possède toujours un exemplaire de "l'ETAT notre Réseau" où un descriptif simple et explicite "présentait" cette "application, d'avant garde", de cette commande centralisée.
D'ailleurs, bien modernisée et, "équipement radio/sécurité embarqué", au lieu de téléphones de terrain et signaux mécaniques de 1930, ce système de "commande centralisée par un régulateur", des cantons, se retrouvent de nos jours sur la ligne de Chamonix, ainsi que de nombreuses voies uniques Galloises ou Ecossaises.
Quant à la section de "Maintenon à Gallardon", sa "mise sur route", parait avoir eu lieu avant 1936...aurait elle été abandonnée dès les travaux d'électrification de la ligne de Le Mans ? Vers Auneau, fermée aux voyageurs vers 1939/40, elle semble avoir disparu avant 1950.
Félicitations pour votre action
Amicalement
J. Claude LEHOUX
(délégué FACS Bretagne)
- 6. | 17/06/2009
- 7. | 04/05/2009
Un exposé très clair
- 8. | 19/05/2008
Merci pour votre intérêt pour l'histoire de cette ligne de chemin de fer! Il s'est passé tant de choses! Voilà, nous avons la réponse à votre question, la voie restante entre Ymeray et Massy a été démontée entre 1946 et 1949, par tronçons. L'historique sur notre site a été complété.
A bientôt.
- 9. | 16/05/2008
Par contre, vous n'indiquez pas quand ni pourquoi la 2e voie ferré a été démontée. La première a été démontée début 1918, mais la seconde entre Massy et Gallardon? Une lacune à combler! Félicitation pour tous ces renseignements qui font frissonner car on imagine tout cela en lisant vos lignes!
- 10. | 28/04/2008
Une bonne idée serait de préciser cette demande un peu particulière quand vous ferrez votre réservation, ainsi nous pourrons faire de notre mieux pour répondre à vos questions.
En attendant, Alain Mionnet (propriétaire de la gare) tient plusieurs pages qui recensent sa collection, dont celle-ci : http://pagesperso-orange.fr/alain.mionnet/preserv.htm
A bientôt !
- 11. | 28/04/2008
quand je viendrai avec ma famille, ce sera possible d'avoir des renseignements sur le matériel roulant qu'on voit devant la gare ?
Félicitations
@ bientôt
- 12. | 10/04/2008
Nous vous souhaitons un grand succés.
Salutations ferroviaires.
TRAVAPEUR
- 13. | 08/04/2008
De Auneau à Maintenon, la ligne a été ouverte le 3 avril 1892 et de Dreux à Maintenon a été ouverte le 21 août 1887, soit en deux périodes distantes de 5 ans environ.
- 14. | 08/04/2008
Savez-vous en quelle année a été inaugurée la ligne "Dreux-Auneau" ???? Qui passait à Nogent-le-Roi, of course. Je sais qu'elle existait déjà en 1929 puisque ma maman voyageait Paris-Chaudon ainsi mais j'aimerais connaître l'année d'inauguration et le parcours exact avec toutes les gares ou tout au moins le site où les trouver. GRAND MERCI
- 15. | 07/01/2008
- 16. | 13/11/2007
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Date de dernière mise à jour : 19/10/2021
Merci de vos infos, cordialement.
Laurent